Avignon, été 2015.

Chère DNLP*,

Je suis sûre que tu te rappelles de SuperTed, ce court dessin animé britannique qui passait au club Dorothée dans les années 80-90. L’histoire d’un banal ours en peluche mis au rebut sur la chaîne de fabrication parce qu’on lui découvrait un défaut. Un drôle de bonhomme venu de l'espace lui donnait alors vie grâce à de la poussière cosmique ✨puis l'emmenait sur un nuage merveilleux 🌩 où la fée Nature lui donnait des pouvoirs magiques 🧪. Voilà, Chère DNLP, tu l’as ?

Crédits : SuperTed, Mike Young, 1982

🤖 Le drôle de bonhomme, c’est évidemment Lui. Oui. Le Créateur pourrait tout à fait troquer son pyjama de bloc bleu contre une combinaison jaune à pois verts. Si-si, je suis certaine que ça lui irait très bien. (Tout va avec un bronzage St Barth et un brushing à la Simon Baker) (Penser à Lui en parler la prochaine fois)

🌩 Le nuage magique, c’est bien entendu le labo de PMA. Un lieu plein d’ordinateurs, de manettes et de leviers, avec grimoires et marmites de potions bouillonnantes. Là où il se passe des choses surnaturelles.

🧪 Et la bonne fée nature ? C’est la version non-obscure de toi, Chère DNLP, celle à laquelle j’ai envie de croire maintenant, affichant un air souriant et girond, enserrée dans son tablier immaculé, coiffée d’une vaporeuse chevelure rose bonbon. J’en suis là, à espérer que, pour une fois, tu accueilles mon TED, mon embryon décongelé, à bras ouvert pour en faire un « Super TED » grâce à une cuillère de potion.

Car, le moins que l’on puisse dire, c’est que la dernière fois, tu m’as laissée exsangue (sans mauvais jeu de mot. Enfin, à peine).

Après le « p'têt ben qu'oui, p'têt ben qu'non », ce matin du “11ème jour post transfert”, pas de sang non plus dans mon FDC. Tu remets ainsi une pièce dans la machine, le wagonnet clignote, dans une musique de fête foraine… c’est partiiii ! C’est J11 après transfert, AKA le jour fatidique de la prise de sang.

Je suis au labo, à patienter au beau milieu des papis-mamies du matin et dans quelques instant, mon sort sera scellé. Je tremble un peu lorsque la femme me pique, surtout qu’elle sait pourquoi je suis là, c’est écrit sur mon dossier. « Vous avez du retard ? ». « Non, je suis en PMA.  Aujourd’hui, c’est le verdict ». Silence de circonstance.

Le plus dur va être de patienter sans me ronger les ongles (des mains + ceux des pieds). La journée passe. Un SMS m’annonce que mes résultats sont prêts. Je vais les chercher au laboratoire, le cœur battant, les jambes flageolantes. Trajet retour en voiture. L’enveloppe cachetée est sous mes yeux, dans mon sac à main, posé sur le siège passager. Et si …? Je résiste à l’envie de l’ouvrir. On a prévu de le faire ensemble, lorsque l’homme sera rentré du travail.

SuperTed and Mother Nature

Je me souviens encore précisément de l’endroit de l’appartement où j’ai décacheté l’enveloppe. De la lumière tamisée qui filtrait depuis la terrasse par les volets en cabane. De ma position sur le mange-debout de droite, lui sur le mange-debout de gauche, côte à côte, accoudés au comptoir de notre cuisine. Inspiration. Expiration. Ouvrir l’enveloppe en tremblant. Sortir la feuille. Voir le taux, au milieu de la page.

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